UNE COMPLEXIFICATION DU VOTE, UNE BAISSE DE LA PARTICIPATION
Les élections professionnelles 2022 resteront dans les mémoires pour leur niveau de désorganisation rarement atteint en matière de scrutin professionnel au sein de notre ministère. Après des mois d’imprécision et de bricolage technique, de décisions à l’emporte-pièce sans consultation syndicale préalable, le ministère a finalement délivré un dispositif de vote en grande partie défini par les seuls techniciens, sans l’aval ni les conseils de qui que ce soit d’autre.
Il en a résulté un parcours de vote alourdi et complexifié par rapport à 2018, là où l’on nous avait annoncé une simplification. Beaucoup d’électeurs ont ainsi été privés de droit de vote, découvrant au dernier moment que leurs identifiants académiques n’étaient pas opérationnels. Cela a particulièrement touché les personnels contractuels (notamment AESH) et les personnels détachés (à l’enseignement à l’étranger par exemple).
Pendant le vote, des plantages répétés du serveur ont interrompu la possibilité du vote pendant des heures et à plusieurs reprises. Les cellules d’aide informatique rectorale se sont révélées déficientes, même parfois muettes.
De nombreux collègues n’ayant pas reçu leur notice de vote ont dû faire appel au service de réassort. Toutefois, celui-ci a été largement perturbé par le délai de livraison des SMS ou mails de secours : ces messages contenant des codes provisoires d’une validité limitée à 120 secondes, il n’était pas rare de recevoir le SMS bien plus tard avec un code déjà périmé, obligeant à reproduire la fastidieuse manipulation. Pour les chanceux mettant la main sur un code valide et dans les temps, ils devaient encore se confronter à son recopiage, rendu quasi impossible par la longueur du code et l’emploi de symboles et d’accents inusuels, que seuls les férus d’informatique étaient en mesure de trouver sur le clavier et de taper en moins de 120 secondes.
Les conséquences de tout cela sur la participation ne se sont pas fait attendre : alors que le scrutin ministériel appelait plus de 29 000 électeurs de plus par rapport à 2018, ce sont finalement 17 000 électeurs de moins qui ont exprimé leur vote. Le taux de participation général au CSA Ministériel passe ainsi de 42,64 % en 2018 à 39,80 % en 2022.
PARTICIPATION CATASTROPHIQUE DANS L’ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR
Pour la première fois cette année, l’enseignement supérieur votait aussi par vote électronique sur l’ensemble des sites universitaires et renonçait définitivement au vote à l’urne. Pour les mêmes raisons que dans le CSAM, la conséquence négative fut inévitable : alors que 77 800 électeurs s’étaient exprimés en 2018 (28,42 % de participation), ils ont été 52 000 cette année (19,21 %) : près de 10 points de participation de perdu ! Les collègues du supérieur ont d’ailleurs découvert comme nous à l’ouverture du scrutin qu’il leur faudrait voter non pas sur une seule, mais sur deux interfaces de vote différentes ! L’interface ministérielle classique pour le scrutin CSA Ministériel Enseignement Supérieur et Recherche, et des interfaces privées pour les votes universitaires locaux, les universités ayant pour la plupart externalisé la gestion du vote vers des prestataires privés. Autant dire que beaucoup de collègues se sont arrêtés à mi-chemin ou n’ont pas compris qu’ils devaient se rendre sur deux services différents pour réaliser la totalité de leur parcours de vote.
RÉSULTATS NATIONAUX : MOUVEMENTS ET TENSIONS
Ce resserrement de la participation a transformé ces élections en une bataille d’influence, chaque syndicat étant finalement jugé sur sa capacité à faire voter ses troupes et à les accompagner jusqu’au bout du parcours électronique, plutôt que sur sa capacité à séduire un électorat hypothétique et volatile. La forte baisse du vote blanc (-40 % par rapport à 2018) conforte cette analyse.
À ce jeu dans le scolaire, les grands perdants du scrutin sont d’une part les grandes centrales généralistes (UNSA, FSU, CFDT) et d’autres parts les micro-syndicats capitalisant essentiellement sur le vote résiduel.
L’UNSA perd plus de 10 000 voix, soit 10 % de son score antérieur, ce qui lui coûte un siège au CSAM alors même qu’elle espérait progresser grâce à la disparition du SNPTES, dont une partie des forces l’avait ralliée avant la bataille.
La FSU perd 6 000 voix et la CFDT 3 000 voix.
La CFTC, le SPEG, l’UDAS et EIL sont en recul.
FO, la CGT et le SNALC, à quelques centaines de voix près, maintiennent leurs résultats identiques à 2018.
La CFE-CGC (Action et Démocratie) progresse de 1 500 voix et SUD progresse de 1 000 voix : une augmentation légère mais cruciale pour SUD car elle lui permet tout juste de récupérer 1 siège au CSAM au détriment de l’UNSA.
Dans le même temps, de nouveaux syndicats émergent : le SNE fait un très bon score et réunit plus de 9 000 voix dans le premier degré pour son premier scrutin en solitaire depuis qu’il a quitté le SNALC. Le SNAPEN tire son épingle du jeu avec 1 700 voix, principalement chez les contractuels.
Pour la FAEN, la fédération du SNCL, la tendance des résultats est en demi-teinte.
Notre fédération enregistre un recul général dans le scolaire avec 3 596 voix au CSA Ministériel, soit 1 256 voix de moins qu’en 2018 (-22,79 %).
Le syndicat SAEM est le plus impacté par cette baisse, avec un recul de -77,29 % dans le premier degré à Mayotte.
Le syndicat SIES d’Aix-Marseille n’est pas épargné avec un recul de -24,05 %.
L’académie de Montpellier amortit le choc avec un recul d’environ -15 % au CSA.
Ce résultat se retrouve au niveau de la CAPN, désormais unique à presque tous les corps du second degré : la fédération y enregistre 3 379 voix (contre 4 390 en cumulé en 2018), soit une baisse de -15,85 %. Le regroupement des différentes CAPN en une seule nous prive en outre de la canalisation du vote du premier degré.
DANS LE SUPÉRIEUR ET CHEZ LES CONTRACTUELS, LA FAEN PROGRESSE
Les élections 2022 amènent tout de même quelques bonnes nouvelles. Dans l’enseignement supérieur, l’effondrement de la participation (19,21 % en 2022, contre 28,42 % en 2018), essentiellement dû au passage au vote électronique, profite à la fédération. La liste SAGES-SNCL est la seule liste candidate à progresser en nombre de voix, malgré cette baisse. Passant de 900 voix (2018) à 919 en 2022, elle enregistre ainsi une progression qui n’est certes que de +2,11 % en termes de voix, mais qui atteint + 50 % en pourcentage des suffrages exprimés, grâce à cette baisse qui impacte durement les autres syndicats.
ACADÉMIE DE MONTPELLIER
Le SNCL Montpellier n’a plus d’élu à la CAPA, la fusion des CAPA certifiés et agrégés, PLP, EPS, CPE et Co-Psy nous coûte notre élu agrégé. Nous sommes donc écartés de cette CAPA multiforme où de toutes façons rien ne va se décider. Notre syndicat aura toujours son rôle à jouer sur le plan de l’information concernant les carrières des collègues, ce que nous faisons en général très bien.
Au niveau des administratifs, le SNCL se présentait pour la première fois chez les ADJAENES et les SAENES. Les résultats obtenus ont été encourageants. Sans décrocher de postes d’élus, notre syndicat a gagné une première victoire à faire entendre une voix différente chez les administratifs.
Nos résultats chez les personnels contractuels ont également été très encourageants.
A nous, avec votre soutien, de confirmer lors de prochaines échéances.