A la rentrée de septembre 2022, dans plusieurs lycées, notamment dans l’académie de Lyon, des élèves se sont présentés en cours vêtus d’une abaya pour les filles (vêtement traditionnel des pays du Moyen-Orient et du Maghreb, ample et long porté au-dessus des autres vêtements) et de qamis (longue tunique descendant jusqu’au haut des chevilles) pour les garçons. Cette situation a provoqué une vive émotion parmi les personnels, qui y ont vu une atteinte aux principes républicains, émotion qui contrastait avec la passivité des responsables rectoraux. Niant le caractère religieux, d’ailleurs controversé, de ces vêtements, les élèves et ceux qui les manipulaient ont refusé de se plier à la loi de 2004 sur les signes religieux. En fin d’année scolaire, le ministre a fini par se défausser sur les chefs d’établissement en leur attribuant la responsabilité de dire si tel ou tel vêtement a, ou non, un caractère religieux.

Nous sommes en total désaccord avec cette attitude de la hiérarchie de l’Éducation nationale. C’est aux représentants de l’État de définir les règles que les personnels doivent appliquer. Ce n’est pas aux personnels de pallier l’incurie des responsables résultant de leur incompétence ou de leur manque de courage politique. Soit le port de ces vêtements traduit une marque de prosélytisme religieux et tombe alors sous le coup de la loi de 2004, soit il s’agit d’une démarche communautariste visant à affirmer son appartenance à une communauté distincte de celle des autres lycéens. Or, l’article premier de la Constitution française de 1958 précise que la France est une République indivisible ne reconnaissant que l’unique communauté des citoyens pour fédérer et intégrer les individus.

Le communautarisme est incompatible avec les principes de la République. La logique communautariste de différenciation est incompatible avec la logique républicaine française universaliste et intégratrice. S’extraire de la communauté des citoyens pour affirmer son appartenance à une autre communauté conduit, dans la grande majorité des cas, à affirmer la prévalence des lois de sa communauté sur celles de la République : contestation du contenu de certains programmes, de l’égalité femme/homme, etc. Cette dérive communautariste qui vise à saper nos principes républicains doit être combattue par tous ceux qui défendent les principes et valeurs de la République, au premier rang desquels on devrait trouver les responsables de l’Éducation nationale et les membres du gouvernement.

Il appartient à ces derniers de rappeler à l’ensemble de la population les principes républicains et les règles qui en découlent. Il leur appartient de donner aux personnels des établissements scolaires des consignes claires et simples en puisant dans l’arsenal juridique et réglementaire existant, voire en légiférant si nécessaire.

Il est maintenant urgent d’agir car trop de temps a été perdu par les autorités et il faut craindre que l’absence de réaction des institutions et leur déni de la gravité de la situation n’encouragent les fauteurs de troubles à multiplier les atteintes aux principes républicains à la rentrée 2023.