Alors que l’école est censée protéger les élèves, les conduire à s’épanouir et à apprendre à vivre ensemble, de plus en plus de jeunes s’y rendent « la boule au ventre » jusqu’à parfois des drames inacceptables. Selon les derniers chiffres, le harcèlement scolaire toucherait environ 6 % des élèves, majoritairement des collégiens mais il est également bien présent dès le primaire et au lycée. L’évolution du phénomène est difficile à mesurer faute d’enquêtes suffisamment fouillées sur le sujet, mais pour la communauté éducative quotidiennement attentive et confrontée à ce fléau, l’augmentation des cas de harcèlements ne fait aucun doute.
Depuis des années, et sans avoir attendu les annonces précipitées du mois de juin suite à un nouveau cas de suicide, Lindsay 13 ans, l’école se bat et agit. Les annonces du gouvernement, bienvenues sans doute mais très médiatisées, laissent quelque peu à penser que la communauté éducative est restée trop peu impliquée, minimisant ainsi toutes les actions menées par les établissements pour endiguer ce phénomène. Le discrédit est jeté, « mais que fait l’école ? »
Or dans tous les établissements et ce dès l’école primaire, de nombreux projets sont réfléchis et mis en place pour lutter contre le harcèlement. Les parents d’élèves sont rappelés aux responsabilités qui sont les leurs et informés des dérives tout particulièrement dues aux téléphones portables. Des interventions d’associations ou des services de police sont chaque année programmées pour sensibiliser les jeunes aux dangers d’internet et des réseaux sociaux. Des initiatives propres à chaque établissement sont réelles, existent et ont été mises en place non pas suite à de récentes directives ministérielles, mais par nécessité face au problème.
Alors certes, pour la rentrée 2023, le gouvernement semble avoir pris conscience que le problème dépasse largement le cadre scolaire et que l’école ne peut plus se battre seule. La Première ministre pointe du doigt les réseaux sociaux et veut « obliger les plateformes à retirer certains contenus ». Elle entend également « responsabiliser les parents » et appelle à la « sensibilisation à l’usage des réseaux sociaux ». Rien de nouveau donc.
L’éducation nationale est fatiguée des effets d’annonces destinées à être retransmises par les médias afin que l’opinion publique soit rassurée. Les enseignants en ont assez d’être dévalorisés, sous-considérés, utilisés par leur propre hiérarchie pour les manquements de celle-ci. L’éducation nationale est dépitée de voir que l’enjeu médiatique l’emporte sur une prise à bras le corps de ce fléau qu’est le harcèlement. Pour lutter contre le harcèlement scolaire, le SNCL réclame des moyens urgents qui ne sont pas que des apparitions à l’écran ou de l’encre sur du papier. Nous avons besoin en nombre suffisant et à temps plein dans chaque établissement, de CPE, infirmiers scolaires, PsyEN, AED, assistantes sociales. La lutte contre le harcèlement, l’une des « priorités absolues » à la rentrée ? Pour l’instant, le compte n’y est pas.
Valérie CLOUP