Le ministre de l’Éducation nationale vient de dévoiler le remède qu’il comptait administrer au collège, « homme malade du système » selon ses propres termes.
Face aux fortes attentes et interrogations des enseignants, le contenu indigent de sa déclaration n’a finalement apporté qu’une très grande déception.
Le reniement de la promesse présidentielle (augmentation de tous les enseignants de 10 % sans contrepartie) semble désormais inéluctable.
De plus, le flou est entretenu autour des points les plus sensibles, comme la découverte professionnelle en classe de 5e ou la valorisation des compétences numériques au cours du cycle 4, promises pour la rentrée de septembre mais sans aucune annonce concrète.
En revanche des idées aussi nouvelles que déroutantes ont été avancées : nouvelles évaluations en CM1, intervention de professeurs des écoles en collège, généralisation des heures de sport supplémentaires, etc.
Evaluer une fois de plus les élèves ne résoudra pas leurs problèmes d’orthographe. Asséner des « recommandations pédagogiques » aux professeurs, qui n’ont pas attendu le ministre pour définir la meilleure pédagogie pour leurs élèves, non plus. Que le ministère ose présenter ces mesurettes comme la traduction d’une « action résolue » est insultant.
Le reste des déclarations ministérielles est d’ailleurs de la même veine : beaucoup d’esbrouffe et peu de contenu. On promet des « dispositions nouvelles, à l’appréciation des équipes », ce qui ne peut être interprété que comme un renoncement du ministère qui se décharge sur ses agents locaux pour trouver les solutions qu’il n’a pas su mettre en œuvre.
L’extension des dispositifs « devoirs faits » ou « 6e tremplin » se heurtera inévitablement aux réalités du terrain, comme le manque cruel d’agents pour réaliser ces missions, alors même que 1500 postes de professeurs seront fermés à la rentrée. Le déficit de professeur des écoles en zone urbaine rend inimaginable que ces derniers soient disponibles pour assurer les heures de renforcement annoncées. Et que dire des zones rurales, où les distances à couvrir entre établissement et le prix du carburant ôteront toute attractivité à ces heures supplémentaires potentielles, payées 27 euros nets ?
Le discours du ministre, en dessous de tout, s’abstient par ailleurs de tout commentaire sur des sujets cruciaux : aucune information sur la réforme de la voie professionnelle qui va bouleverser le secteur de l’apprentissage, déjà en difficulté. Rien non plus sur les conditions de travail et la rémunération des AESH.
Pour l’ensemble de ces raisons, le SNCL appelle les collègues à se mobiliser et à soutenir, y compris par voie de grève, toutes les actions à venir pour :
- obtenir le respect de l’engagement présidentiel d’une augmentation inconditionnelle de 10 % nets pour tous les enseignants dès cette année, hors dégel du point d’indice.
- défendre la voie professionnelle et conserver les volumes disciplinaires nécessaires à une formation de qualité.
- accélérer le processus de négociation de la hausse de rémunération des AESH, en grande précarité.
- protéger notre système de pension par répartition et maintenir l’âge légal de départ en retraite à 62 ans pour tous.
Le Secrétaire général, Norman GOURRIER