Jour après jour, le bateau Éducation Nationale s’enfonce davantage. Après des années de déni et de mise sous le tapis de la poussière que l’on ne voulait pas voir, le SNCL pensait que le sauvage assassinat de Samuel Paty allait sonner le réveil des masses et que le mal-être des personnels et usagers de l’Éducation Nationale allait devenir une priorité de nos gouvernants.
Rien de tout cela. Une certaine honte a même saisi des maires ou des collègues qui ont refusé de baptiser des écoles ou des collèges du nom de Samuel Paty. Rosa Parks, Martin Luther King et autres oui, Samuel Paty, non ! Pour aussi vénérables que soient les deux premiers cités, ils n’appartiennent pas à notre histoire nationale et ont justement combattu une ségrégation légale qui n’a jamais eu cours sur notre territoire. Et rien ne s’arrange concernant les rôles et fonctions des personnels.
Lors du dernier baccalauréat, des correcteurs ont vu d’autorité leurs notes augmentées de 2, 3 voire 4 points. Le SNCL a depuis toujours combattu les pressions que les correcteurs recevaient de la part de la hiérarchie dans le but de modifier leurs notes dans un sens plus favorable aux candidats. Cette « politesse » n’a désormais plus cours. Le correcteur n’est désormais qu’un factotum dont le résultat du travail peut être modifié à loisir. Ce lent glissement vers l’irrespect de nos métiers, du statut de concepteur à celui d’appliquant, est aussi la cause de la perte de sens qui frappe nombre de nos collègues.
La faiblesse de nos rémunérations en est également un signe. Un métier dénaturé, peu considéré, mal payé, est-ce comme cela que nous voyons la formation que la Nation a le devoir de donner à ses enfants ?
Jean-Michel Blanquer a sévi 5 ans durant à la tête de l’EN. Son funeste bilan comprend la destruction du baccalauréat, entamée avant sa prise de fonctions. Mais aussi la réforme du lycée, véritable usine à gaz qui a détruit les groupes-classes et perturbé les élèves, créé des EDS souvent pas compatibles, enlevé les mathématiques du tronc commun d’enseignement…pour finalement les rétablir dans un modèle édulcoré et facultatif. Trouver du sens à nos métiers, avez-vous dit ?
Ce même Blanquer qui pensait obtenir une députation pour servir les français – ou s’assurer un revenu facile, vous choisirez – a malheureusement pour lui été battu aux législatives. Ne vous faites toutefois pas de souci pour lui. Dans l’urgence, un poste de Professeur d’Université a été créé à l’Université de Paris-Panthéon-Assas. Un poste sorti de nulle part et créé sur mesure pour M. Blanquer. Un passe-droit parmi d’autres ?
Son successeur, Pap Ndiaye traîne pour sa part un certain nombre de casseroles. Ses déclarations antérieures sur le « racisme d’état » ou son soutien aux réunions « racisées », c’est-à-dire interdites aux blancs (sic), ne sont pas, pour le SNCL de bons signaux. Le fait qu’il ait choisi de scolariser ses enfants dans une école privée pour qu’ils aient une « scolarité sereine » a-t-il déclaré, ne présage rien de bon non plus pour un ministre de l’Éducation Nationale.
Et au milieu de ce tumulte de perte de repères, l’initiative de recrutement de nouveaux enseignants contractuels par l’intermédiaire de job dating (en français dans le texte ?) vient rajouter un nouveau coup de butoir. Pour ceux qui ont passé de longs mois de révision, affronté des épreuves complexes, stressé dans l’attente de résultats de concours ou de mutation, cela génère un sentiment bien étrange que de futurs collègues soient intronisés après 20 minutes d’entretien de motivation pour un poste proche de leur domicile.
Pour le SNCL, il est plus que temps de redonner un sens à nos métiers, une valeur à nos enseignements, de l’exigence dans les apprentissages et une juste rémunération pour les personnels.
Le chantier est vaste.
Le SNCL sera là pour défendre ces valeurs. A vous de nous en donner les moyens, par vos votes, lors des élections professionnelles de décembre 2022.
Jordi Carbonell