Dans un contexte de mobilisation croissante contre la réforme des retraites, le ministère a tenté de dissuader les enseignants de rejoindre les manifestations en donnant un coup de pouce à la revalorisation attendue pour 2023.
Des deux hypothèses présentées en janvier dernier, c’est finalement l’hypothèse A qui sera retenue. Pour rappel, celle-ci proposait une revalorisation de la prime d’attractivité, principalement pour les professeurs de classe normale, et aucune revalorisation pour les enseignants au-delà de l’échelon 3 de la hors-classe.
La nouvelle mouture révélée hier par le ministre persiste dans cette voie et amène quelques avancées, notamment la revalorisation de la part fixe de l’ISOE (ou ISAE pour les professeurs du premier degré) : +60 euros brut mensuels. Cette revalorisation était revendiquée de longue date par le SNCL, non seulement parce qu’elle permet de toucher unilatéralement les professeurs, mais aussi répond à une augmentation réelle de la charge de travail lié au suivi et à l’orientation des élèves ces dernières années (ce que rémunère l’ISOE). Celle-ci s’ajoutera donc à l’augmentation de la prime d’attractivité présentée en hypothèse A.
Le ministère a également promis une augmentation de 145 euros nets pour tous les contractuels, sans distinction. Une amélioration des dispositifs de reclassement permettra à ces agents de mieux faire valoir leur ancienneté à leur titularisation.
Il a aussi annoncé une augmentation des contingents de passage à la hors-classe et à la classe exceptionnelle (mais sans les chiffrer ni expliquer le mécanisme précis pour le moment). Cette augmentation doit répondre à l’absence de revalorisation des salaires pour les collègues en milieu et fin de carrière. Le SNCL se montre encore très prudent face à cette annonce, car elle ne s’accompagne pas des éléments concrets permettant d’en apprécier l’ampleur. Bien qu’il s’agisse d’une revalorisation différée, elle pourrait néanmoins se révéler substantielle sur la durée.
La rémunération annuelle du nouveau « PACTE », quant à elle, a été fixée à 3650 euros bruts par an. Elle ne concernera que les professeurs volontaires (et retenus dans le projet d’établissement si les candidats sont plus nombreux que les enveloppes disponibles !). Puisqu’il s’agit d’un montant forfaitaire, elle se révèlera plus ou moins intéressante en fonction du grade et du corps de chaque agent. Ainsi par exemple, pour un professeur certifié de classe normale, cette somme correspond à la rémunération de 90 heures supplémentaires (là où le ministre entend imposer 72H annuelles de pacte). Pour un professeur agrégé, en revanche, elle équivaut à la rémunération de 64 heure supplémentaire seulement… A noter qu’il est aussi pour l’heure difficile d’évaluer si le travail demandé dans le cadre du pacte outrepassera ou non les 72H annoncées… Et encore une fois, cette « prime » relèvera du système indemnitaire et n’aura donc pas de conséquence sur le calcul des pensions de retraite.
Pour le SNCL, il faudra de toute façon encore revoir la copie : ce nouveau projet continue d’opposer les classes d’âge plutôt que de travailler au rétablissement de la confiance et de la concorde au sein des équipes. Certes, ces mesures apportent une plus-value notable par rapport à la révélation du premier projet, mais de trop grandes zones d’ombre demeurent, notamment pour l’accélération des parcours de carrière, point crucial pour déterminer si les collègues de 50 ans et plus seront ou non les grands perdants de ce plan. L’augmentation de l’ISOE est appréciable, mais le SNCL continue de demander son doublement. Enfin, le SNCL exige également un engagement du ministère de la fonction publique à poursuivre le dégel du point d’indice, sans quoi ces mesures ne feront que compenser l’inflation actuelle et maintiendront à peine le pouvoir d’achat effectif des enseignants sans in fine les augmenter.